Aéroport de Nantes-Atlantique : développement économique ou préservation du bien-être des habitants ?
Questions à Yannick Fétiveau, Maire de Pont Saint Martin
Suite à la décision du gouvernement d’abandonner le projet de transfert de l’aéroport de Nantes Atlantiques à Notre Dame des Landes, le 1er ministre Edouard Philippe avait précisé que cette décision d’apaisement devait constitué un nouveau départ pour construire un projet différent intégrant le réaménagement de Nantes Atlantique.
Depuis cette décision du chef de l’Etat, neuf mois se sont écoulés. Quel est votre regard sur ce dossier de l’aéroport ?
En préambule, je souhaite rappeler que j’avais avec toute mon équipe très clairement appelé au transfert de Nantes Atlantique au regard des risques à venir pour nos populations (cf article dans Vue du Pont). Cette position était légitimée par le vote des Martipontains qui s’étaient exprimés à 62 % favorablement au transfert.
Après la colère et la déception, je suis intervenu dans la presse avec les maires des communes riveraines, à plusieurs reprises, pour dénoncer l’insuffisance du rapport des trois médiateurs de la République ayant, avec beaucoup de légèreté, évoqué des scenarii maintes fois étudiés et rejetés, dont la piste transversale.
Quel est l’impact de cette décision du gouvernement pour les Martipontains, à court terme?
Les Martipontains que nous sommes constatent objectivement l’évolution des trajectoires des avions notamment sur le Champsiôme où le survol à basse altitude est très marqué. Très clairement, l’évolution du trafic et le changement des trajectoires viennent polluer la tranquillité des Martipontains qui ont investi sur un territoire qui était faiblement impacté par la vie de l’aéroport.
J’ai alerté Madame la Préfète sur cette question de l’évolution des trajectoires lors de la dernière commission consultative de l’environnement du 27 avril 2018.
Cette évolution vous inquiète-t-elle ?
Le trafic aérien de Nantes Atlantique explose. Il devrait atteindre le 6 millions de passagers en fin d’année. Il a doublé en huit ans. A l’horizon 2030 , on peut craindre pour la santé des habitants de notre territoire au regard des projets de plusieurs compagnies aériennes qui souhaitent se développer. La DGAC indique que le projet principal doit développer un aéroport à 9 Millions de passagers avec un potentiel d’agrandissement à 15 millions (OF du mercredi 19 septembre).
Quelle prise en compte de cette évolution du trafic dans le nouveau Plan de Gêne Sonore (PGS) ?
Le nouveau Plan de gêne sonore vient d’être établi par l’état. Les communes de Rezé, Bouguenais et St Aignan de Grand-Lieu devaient se prononcer avant fin octobre. Dans ce projet, la commune de Pont St Martin n’apparait pas au regard des calculs de la DGAC et ce bien que les applications, certes non officielles, évaluent la croissance du nombre de décibels subis.
Quel levier d’action avez-vous pour défendre les intérêts des Martipontains ?
Très clairement , la commission consultative de l’environnement est l’instance idoine pour partager avec Madame la Préfète, ses services, la DGAC et l’ensemble des maires nos craintes et nos demandes, émanation des constats et analyses des habitants et élus du territoire. Hélas, la réunion programmée le 8 octobre a été reportée le 1er octobre à une date ultérieure en Novembre. La confiance entre l’état et les maires est clairement entamée. Je le regrette en tant que Maire, serviteur de notre République.
Avez-vous besoin des témoignages des Martipontains sur leurs ressentis ?
Les témoignages des Martipontains sont essentiels. Un maire ou un élu tient sa légitimité des personnes qu’il représente. Les récents courriers, notamment des habitants du Champsiôme, sont remarquables de renseignements pour connaître l’évolution du trafic aérien identifié par chaque habitant ; veille indispensable à la compréhension de cette évolution.
J’invite chacun à me faire part de son analyse objective, si possible étayée par des renseignements précis sur le trafic, les horaires et la gêne sonore subie.
Quelles sont les échéances prochaines ?
Outre les travaux actuels concernant le PGS, la décision de la Commission Nationale du Débat Public de l’organisation d’une concertation publique ou d’un débat public doit être prise à la mi-novembre. Cette consultation se déroulerait au 1er semestre 2019 pour une décision sur la nature du projet fin 2019 (extension ou non de la piste par exemple) .
Quelle vigilance particulière devrons nous avoir lors de ce débat public ?
La consultation publique présentera un scénario de référence et plusieurs options dont l’hypothèse d’une piste en V (décalée de 24° par rapport à la piste actuelle) et celle d’une piste transversale qui serait totalement destructrice pour notre belle commune de Pont Saint Martin. La présence des Martipontains sur ce débat sera primordiale. Lors d’une réunion organisée le vendredi 7 décembre , nous pourrions définir les modalités de cette mobilisation citoyenne. En parallèle, nous tenterons avec l’ensemble des maires proches de l’aéroport, de construire une position commune susceptible de constituer une plateforme protégeant l’intérêt général des communes pouvant être impactées par l’évolution de l’aéroport.
Pensez-vous qu’il soit possible de trouver une unité d’action entre les maires du territoire ?
Après une période de flottement, une 1ère conférence de presse en juillet a réuni plusieurs maires et conseillers départementaux en mairie de Pont Saint Martin appelant à l’unité des élus du territoire. Ce qui est aussi la position de l’association Sud Loire Avenir.
Une nouvelle réunion élargie à l’ensemble des maires proches de Nantes Atlantique, fin septembre, semble sceller ce souhait de défendre une plateforme commune qui pourrait intégrer la maitrise de l’évolution du trafic aérien, l’interdiction de vols de nuit et surtout la mise en place d’un Plan de Gêne Sonore à la hauteur des nuisances subies par l’ensemble des riverains sur un périmètre beaucoup plus large ainsi que le refus d’hypothèse pouvant amener de nouveaux riverains à subir des nuisances.